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[TEST] The Shore, H.P. Lovecraft à la plage

dimanche 28 février 2021, 16:39 , par NoFrag
Comme les livres racontant les aventures de Martine, l’univers de Lovecraft semble enclin aux déclinaisons dans des lieux divers et variés: après les Grands Anciens à la montagne, dans un manoir BDSM ou sur une île tropicale, voici The Shore alias l’horreur cosmique à la plage. Premier projet solo d’Ares Dragonis (oui, c’est son vrai nom), il s’agit d’un jeu d’ambiance horrifique à la première personne doté de superbes visuels et d’une atmosphère réussie mais par ailleurs trop classique et avare en contenu pour être réellement recommandable. 
Genre: Walking sim / énigmes / horreur | Développeur: Ares Dragonis | Éditeur: Ares Dragonis | Plateforme: Steam | Prix: 21€ | Configuration recommandée: AMD Ryzen 7 3700X / Intel Core i7-7600K, 12 Go de RAM, Nvidia GTX 1660 Super 6GB, 15 Go d’espace libre | Langues: Anglais | Date de Sortie: 19/02/2021 en accès anticipé
Test effectué sur une version commerciale du jeu.

L’île mystérieuse

Andrew est un vieux pécheur dont la fille a succombé à la pneumonie. Le cœur brisé par cette tragédie, il se rend, et s’échoue, sur une île mystérieuse entourée de légendes et de rumeurs étranges. Errant parmi les épaves qui jonchent les côtes de ce lieu hors du temps, Andrew se rend vite compte que les goëlands ne sont pas les seuls à hanter ces terres obscures. Alors que des visions étranges l’assaillent et que ses pas le mènent vers des ruines ancestrales à l’architecture impossible, un murmure se fait entendre dans son oreille, accompagné d’une promesse: il pourra retrouver sa fille à condition d’aider une mystérieuse entité à accomplir sa destinée… Par la suite, j’imagine que vous l’aviez deviné, Andrew sera confronté à la parade infernale du panthéon cosmique Lovecraftien, traversant les dimensions et devenant témoin de manifestations ésotériques ineffables que l’esprit humain ne saurait appréhender. Classique!
Ce scénario peu original a toutefois l’avantage de permettre au développeur de multiplier les références aux ouvrages et au bestiaire bien connus du reclus de Providence. Shoggoth, Profonds, météorite aux couleurs étranges, rejetons de Shub-Niggurath, sans compter les Grands Anciens eux-mêmes, tous seront au rendez-vous pour le plus grand plaisir des amateurs. Cette avalanche de références (frôlant le fan service) est d’autant plus mis en avant par la réalisation globalement excellente pour un titre de cet acabit. Les décors sont sublimes, s’approchant parfois du photoréalisme pour les sections côtières, et proposent souvent de magnifiques panoramas réussissant à merveille à transmettre les descriptions fantasmagoriques de Lovecraft. Ares Dragonis est avant tout un artiste 3D de formation, et cela se sent dans la qualité visuelle de son jeu. Notons que la bande-originale n’est pas en reste avec des morceaux atmosphériques et d’autres plus orchestraux apportant beaucoup à l’ambiance réussie du titre.
Malgré ses décors grandiloquents, The Shore ne réinvente pas la roue dans son gameplay. Dans ses premières minutes, il s’inspire clairement des walking simulator habituels: notre pêcheur devra tout d’abord explorer les plages de sable noir de l’île en récupérant çà et là des écrits laissés à l’abandon par les quelques âmes malheureuses s’étant précédemment perdues sur ces côtes. Assez vite, il s’équipera d’un tétraèdre magique lui permettant d’affronter et de repousser des créatures malveillantes, enchaînant ainsi des séquences de fuite classiques du genre et des phases d’énigmes niveau CE1 qui ne vous provoqueront probablement pas de rupture d’anévrisme. Bien qu’assez variées, les propositions ludiques restent somme toute conventionnelles durant toute l’aventure et ne vous surprendront jamais. Les passionnés de sueurs froides resteront, eux, sur leur faim : si le jeu propose parfois une atmosphère angoissante, il ne fait jamais vraiment peur.

L’indicible
The Shore aurait pu être une plongée classique mais de bonne facture au sein de l’univers Lovecraftien, ç’aurait été suffisant pour qu’on le recommande chaudement aux plus fervents admirateurs du Mythe. Malheureusement, le titre est plombé par deux défauts majeurs et rédhibitoires.
Le premier à sauter aux yeux est le game design totalement incohérent, les règles du jeu étant éphémères et changeantes. Par exemple, au tout début du jeu, notre personnage ne peut pas effectuer le moindre saut. Condamné à garder les pieds vissés sur la terre ferme, il ne peut pas franchir les rochers, qui font office de barrières naturelles. Quelques minutes plus tard, la faculté de bondir est débloquée: on imagine dès lors qu’elle sera nécessaire à notre exploration. Mais ce n’est pas le cas et des murs invisibles nous empêchent toujours d’escalader le moindre promontoire… Sauf en un point bien précis où le jeu nous oblige à passer par-dessus un amas rocheux, malgré l’impossibilité de le faire jusque-là. On peut aussi citer la gestion de l’inventaire qui disparait inexplicablement arrivé au tiers du jeu. Autre exemple: lors d’une course poursuite, il est possible de détruire une bonne fois pour toute certaines créatures avec le tétraèdre susmentionné. D’autres monstres sont eux aussi désintégrés… Et réapparaissent aussitôt sans qu’on ne sache trop pourquoi. Et ce sera régulièrement le cas dans l’aventure, le tétraèdre ayant parfois un effet sur ses poursuivants, parfois non. On dirait que le développeur adapte les règles du jeu en fonction de ses besoins et cela laisse au joueur un arrière-goût amer puisqu’il doit généralement les découvrir à la dure, c’est à dire en mourant bêtement et en recommençant depuis le dernier point de contrôle après un (pénible) chargement.

Sur ma config’ (RTX 3070, i7 7700K@4,2Ghz, 32 Go de RAM), le jeu tourne comme un charme tout à fond en 1440p. Toutefois, j’ai relevé sur Steam que de nombreux joueurs se plaignent des performances: méfiance, donc, si votre configuration est un peu plus légère. D’autant plus que le jeu manque un peu de paramètres pour personnaliser son expérience et gagner quelques précieuses images par seconde.

Ceci dit, vous n’aurez pas le temps de trop souffrir de ces incohérences de gameplay. En effet, The Shore est terriblement court et il vous faudra environ deux heures pour en voir le bout. Loin de moi l’idée de lier la qualité d’un titre à sa durée de vie, toutefois sa faible étendue l’empêche ici d’exploiter ses points forts. Outre la courte exploration du début, on passera ainsi l’intégralité de l’aventure à sauter d’une scène à une autre en se téléportant magiquement une fois l’énigme résolue ou l’ennemi évité. Bref, un rythme beaucoup trop soutenu pour un titre qui aurait gagné à capitaliser sur sa réalisation et son ambiance réussies. De plus, cela empêche la narration de prendre la moindre ampleur et l’histoire n’a pas vraiment de sens: à la fin, je n’avais absolument rien compris à ce qu’Andrew avait fait pendant son aventure – à part compléter des puzzles et courir dans des couloirs sans lien les uns avec les autres. Dommage car cela donne au titre un aspect brouillon, presque prototypal, assez éloigné de ce que l’on pouvait espérer en visionnant la bande-annonce ci-dessous.

The Chore
N’y allons pas par quatre chemins: il est difficile de recommander The Shore tant son gameplay bancal et sa durée de vie inconséquente le trahissent. Peu original, mal foutu, pas vraiment effrayant et trop cher (20€), on le réservera uniquement aux fans inconditionnels de Lovecraft qui auraient envie de croiser à nouveau le bestiaire du célèbre écrivain. Reconnaissons-lui tout de même sa réalisation de haute volée et son ambiance de bonne facture, ce qui est déjà pas mal pour un projet de cette envergure.
https://nofrag.com/test-the-shore-h-p-lovecraft-a-la-plage/
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