Hello Neighbor 2 : bonnes mécaniques, pratiques douteuses

Sorti en 2017, Hello Neighbor avait su séduire par sa proposition originale: tenter de s’infiltrer dans la maison de son voisin, pour découvrir ce qu’il cachait dans sa cave. Sauf que ça tournait vite au fantastique avec des couloirs immenses et impossibles, bardés de mécanismes à activer dans tous les sens. Cinq ans après et quelques spin-off plus tard, voici la suite directe dans un monde apparemment plus ouvert et plus terre-à-terre. Malheureusement, il semble que les promesses de monde ouvert et d’IA super maligne n’ont pas été tenues, et le modèle économique plutôt étrange a achevé de fâcher les fans du premier opus.
Genre: Puzzles horrifiques tout public | Développeur: Eerie Guest Studios | Éditeur: tinyBuild | Plateforme: Steam, EGS, Xbox Game Pass | Configuration recommandée: Intel i5-4760 / AMD FX 9370, 16 Go de RAM, GeForce GTX 1660 Ti / AMD Radeon RX Vega 56 | Prix: de 33,99€ à 49,99€ | Langues: Menu en français | Date de sortie: 06/12/2022 | Durée de vie: de 3h à 9h selon l’expérience
Test réalisé sur la version Xbox Game Pass et les DLC du Microsoft Store
La direction artistique est très réussie, on ne peut pas lui enlever ça
Un faux monde ouvert, mais amusant
Hello Neighbor 2 démarre, semble-t-il, juste après la fin du premier opus. Si, comme moi, vous n’y avez pas joué, la vidéo d’intro vous met dans le bain en quelques secondes: vous enquêtez sur la disparition d’enfants, et vous arrivez près de la maison du fameux voisin, qui semble justement en train d’en capturer un devant vous. En tentant de fuir, vous vous crashez dans une grange juste à côté. Celle-ci fait office de tutoriel, et permet de saisir les différents éléments de gameplay. Ensuite, après un petit coup de pelle dans la tronche, c’est le début de l’histoire.
Les développeurs avaient promis un monde ouvert, alors ils ont modélisé tout un village. Effectivement, on peut se balader dans les rues, mais elles sont complètement vides, sans aucune vie! Seul le lieu de l’enquête en cours propose des interactions. On pourra, si l’on veut, revenir dans une précédente maison dans laquelle on aura déjà résolu les puzzles, mais cela n’aura strictement aucun intérêt. En effet, le jeu s’articule autour de bâtiments, comme autant de niveaux indépendants débloqués dans un ordre déterminé, au fur et à mesure de nos enquêtes. À vous de les explorer successivement, tout en échappant à la vigilance de leur gardien. On aura, par exemple, un policier pour la maison du voisin, la pâtissière pour le salon de thé, ou encore le voisin lui-même un peu plus tard. Hello Neighbor 2 est donc un jeu linéaire, mais ce n’est pas pour autant un aspect négatif.
N’étant pas un grand fan de jeux d’horreur – et c’est un euphémisme, j’ai beaucoup apprécié le gameplay, qui en reprend pourtant certains codes. Néanmoins, le fait de pouvoir s’échapper assez facilement ou de simplement se faire jeter dehors, et non pas dévorer, doit y être pour quelque chose. Les énigmes, basées sur l’assemblage d’objets collectés dans le niveau, sur l’observation de certains éléments, ou encore l’activation de mécanismes, m’ont également beaucoup plu. J’ai réellement pris plaisir à découvrir comment accéder successivement aux nouvelles pièces, en trouvant une clef par-ci, un cube par-là, ou en utilisant une clef à molette. Les mouvements du personnage sont aussi plutôt agréables, car on est assez rapide et on peut facilement grimper un peu partout.

Pratiques douteuses, technique douteuse

Si vous vouliez avoir plus de détails sur l’histoire en faisant les DLC, c’est raté. Ce sont deux grosses cartes complètement détachées du jeu de base et qui n’apportent rien scénaristiquement. Pour couronner le tout, les fins de niveaux sont terriblement décevantes, quand elles ne sont pas tout simplement buggées. D’autre part, on traverse, sur les deuxièmes moitiés, des sections complètement fantastiques, un peu plus à l’image de ce que le premier jeu proposait.

Un aspect très critiqué globalement est la quantité de contenu. Contrairement à moi, qui découvrais les mécaniques de jeu, les joueurs du premier titre n’ont pas trouvé grand-chose à se mettre sous la dent: en deux heures, ils avaient plié l’histoire principale. Et l’achat des deux DLC à 15€ pièce, ou 20€ les deux ma bonne dame, ne leur a pas apporté beaucoup plus qu’une heure de jeu. Néanmoins, pour un novice qui accroche à l’univers, il est possible de passer beaucoup plus de temps à comprendre comment tout fonctionne. J’ai, par exemple, passé un peu plus de six heures sur le contenu de base, et trois heures au total sur les DLC.
Revenons d’ailleurs sur ces deux ajouts: un niveau à l’école, et un autre à la bibliothèque. J’ignore volontairement le DLC de la caméra volante, qui est une sorte de crachat à la gueule de celui qui voudrait l’acheter à part. Ces deux bâtiments sont décorrélés du jeu principal et ne sont accessibles que via le menu. D’autre part, il faut faire ces niveaux d’une traite, sous peine de tout refaire à zéro. En effet, contrairement au reste, la progression n’est pas sauvegardée. En plus, alors que je n’avais pas rencontré de problèmes auparavant, des bugs bloquants et des crashes m’ont fait refaire plusieurs fois les DLC, ce qui est particulièrement rageant. C’est clairement un défaut de conception qui laisse penser que le jeu n’est terminé qu’à moitié, et qu’en plus, une partie qui aurait dû être dans le jeu de base, est vendue à part. Certes, on pourra dire que la version deluxe à 50€ est la version complète, cependant, ces deux derniers niveaux ne sont pas bien intégrés. Ayant la version Xbox Game Pass, l’achat du pack à 20€ pour les deux DLC m’a donc surtout apporté de la frustration.
Les ennemis sont cons comme des ballonsL'inventaire est un calvaire à la souris
Les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent.
Autre bug, autre raison de détester le jeu: il arrive assez souvent que les ennemis se coincent dans une porte, laissant toute latitude au joueur pour explorer les bâtiments sans contrainte, rendant le jeu très facile. Encore une fois, cela dépendra du ressenti de chacun, car ce n’est pas quelque chose qui m’a réellement gêné. N’était pas fan des jeux d’horreur, mais plus des puzzles, pouvoir prendre mon temps et faire ce que je voulais était même plutôt positif pour ma part. Néanmoins, même sans ce bug, au bout de quelques énigmes, il est assez facile de se défaire de son adversaire en courant comme un dératé à travers le niveau. En effet, encore une fois, contrairement à ce qui avait été annoncé, ici le terme « intelligence » est à l’IA ce que le fun pourrait-être à un séjour à Fleury-Mérogis… En-dehors de leur petite routine, qui évolue en fonction de notre avancée dans les niveaux, nos adversaires se contentent d’aller à l’endroit où ils nous ont aperçu, ou entendu. Il est alors extrêmement facile de les berner, et il ne nous prendront jamais par surprise.

Graphiquement, c’est plutôt chouette
Du côté de la direction artistique, par contre, il n’y a pas débat, c’est vraiment réussi. C’est proche du dessin animé et c’est très joli, tout en restant assez simple. Des petits détails à gauche et à droite plutôt amusants, comme tous les mots écrits avec les lettres dans le désordre, ou des objets à des endroits incongrus, participent à l’ambiance du titre résolument tournée vers l’absurde et la comédie. Cependant, ces petits éléments burlesques côtoient une ou deux fois des passages un peu glauques, lorsque l’on est proche de la « chambre » d’un enfant qui sanglote, ce qui rappelle violemment le thème de la séquestration d’enfants, un poil moins joyeuse. On ne le rencontre pas souvent, mais cela détone franchement avec le reste de la production, beaucoup plus légère. Techniquement, ça tourne plutôt bien, ma RTX 3060 de portable a bien encaissé la 4K à 60 fps sans broncher.

Un résultat en demi-teinte
Pour certains, et peut-être même pour la majorité, Hello Neighbor 2 est une sombre daube: ce n’est pas un vrai open world, l’IA est nulle, il y a de gros bugs, il n’y a pas assez de contenu et les DLC day one sont une insulte aux joueurs. Néanmoins, malgré ces quelques défauts, j’ai au final beaucoup apprécié l’expérience. C’est en partie grâce à l’ambiance réussie, aux énigmes amusantes et variées, et sans doute aussi parce que je n’avais pas joué au premier opus… Si vous êtes comme moi, et que vous aimez les puzzles, laissez-lui donc sa chance, vous passerez peut-être un très bon moment.