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Fallout 76 : un spin-off à vite oublier

samedi 24 novembre 2018, 13:53 , par NoFrag
Trois ans après la sortie de Fallout 4, Bethesda nous propulse vingt-cinq ans après la Grande Guerre dans une Virginie-Occidentale ravagée. Un opus qui se veut orienté entièrement multijoueur, avec l’impossibilité de jouer seul dans son coin en hors-ligne. Sachant cela, je préfère prévenir dès le départ: Fallout 76 n’a de Fallout que le nom. Il s’agit là de l’épisode qui fait déborder le vase, un véritable coup de poignard à la licence à laquelle nous avaient habitué les développeurs.
Fallout pour les néophytes
La série Fallout nous plonge au cœur d’un Etat américain après une guerre nucléaire qui a réduit le pays à la ruine et aux radiations. En général, le joueur a été préservé de ces évènements en ayant vécu dans un bunker, les fameux Vaults de la série. Certains protègent, d’autres sont le théâtre d’expérimentations pas très catholiques. Le ton est donné: Fallout aime raconter des histoires à la fois post-apocalyptiques et psychologiques, et c’est la force de cette série. Depuis Fallout 3, cette série de “RPG” donne la possibilité de jouer en vue FPS ou en vue TPS. La partie tir n’est vraiment pas la force de ces titres, si bien qu’un système (le V.A.T.S) permet de mettre en pause l’action et de choisir dans quelle partie de notre cible nos balles vont se loger. Ce genre de faiblesses a en général été pardonné grâce à une trame scénaristique passionnante, nous faisant croiser des personnages mémorables tout en nous faisant voguer entre des lieux divers et variés à l’originalité parfois assumée: pour cet opus on visite par exemple une station spatiale écrasée. Dans Fallout 76, on démarre dans l’abri… 76 donc, et on y crée son personnage. L’éditeur est très complet à l’image de Fallout 4, on peut faire tout et n’importe quoi. Une fois sorti de l’abri, on traverse une forêt tout en jouant du banjo, puis on rejoint la petite ville qui servira de point de départ à notre aventure dans les Terres Désolées. Pour se déplacer dans un si grand environnement sans se taper une plombe de marche, il est possible de se téléporter aux endroits découverts pour quelques capsules.
Fallout 4 en plus réaliste mais encore moins optimisé
Le jeu est presque l’égal de son prédécesseur en termes de graphismes: pas de révolution importante à signaler, mais on notera tout de même une gestion de la météo mieux réalisée que dans Fallout 4. La végétation est omniprésente et nous offre de magnifiques paysages de ruines. Les zones urbaines sont également bien meublées avec de nombreux bâtiments ouverts regorgeant de loots en tout genre. Ça, c’était pour le positif. Même si rien d’incroyable n’est affiché, le moteur du jeu, Creation Engine, semble être tiré dans ses derniers retranchements. Les chargements pour rentrer dans un bâtiment sont interminables, et j’ai même pu noter une légère baisse de performances par rapport à Fallout 4. Ce moteur vieillit très mal et beaucoup d’éléments puent le recyclé. Le comble c’est qu’on est forcé de jouer avec un FOV pourri impossible à régler sans trifouiller les.ini mal protégés. Heureusement, un patch devrait venir corriger ce problème. Enfin, les menus proposent l’option la plus débile du monde: la passivité. Le PVP est par défaut désactivé jusqu’au niveau 5, à partir de là la sécurité enfant est retirée et vous pouvez attaquer et vous faire attaquer. Si vous avez peur des autres, cochez la case “Passivité” dans les options.

Un jeu encore en alpha?
Durant mes aventures dans les Terres Désolées, j’ai subi un festival de bugs. Entre des optimisations à la truelle qui ralentit le jeu aléatoirement, d’infâmes gels d’écran dès que plus de trois personnes se trouvent dans la même zone (Je rappelle que c’est un jeu multi-joueur)… Ajoutez à cela des quêtes et des dialogues qui ne s’enclenchent jamais et bienvenue dans un cauchemar américain, mais pas celui pour lequel vous avez signé. L’IA a aussi son lot de défaillances qui rendent certains ennemis, comme ces pourritures de rataupes, bien plus coriaces que prévu, tandis que d’autres se contentent de se ranger gentiment derrière une pierre en vous laissant le temps de les lapider tranquillement. Bethesda s’est réveillé et a annoncé toute une série de mises à jour, mais nous doutons qu’ils parviennent à renverser la vapeur à temps pour sauver la réputation de la série.

Une histoire vide, plate, nicht, nada, que dalle…
Depuis ses débuts, la série Fallout nous proposait des histoires poignantes et complexes avec des factions, des interactions… Désormais le monde est vide de PNJ et c’est attristant. On ne se contente que de suivre des quêtes simplistes qui nous font traverser la carte pour nous montrer à quel point elle est grande. Le tout est constamment entrecoupé de monologues incompréhensibles délivrés par des robots relous, ou des holotapes. Je tiens à préciser qu’il n’y a aucun PNJ humain. Ce petit monde artificiel manque cruellement de vie et d’interactions avec des personnages en chair et en os qui ne sont pas là pour vous boulotter. Vous l’aurez deviné, exit les dialogues à choix multiples, un incontournable de la série. Le joueur est forcé à suivre des quêtes bêtes et méchantes où il faudra marcher plusieurs longues et ennuyeuses minutes entre chaque étape dans des zones souvent vides. Quant à l’absence de PNJ, au lieu d’avouer que c’est par flemme qu’ils ne sont plus là, les développeurs essayent de justifier ça dans le scénario: une maladie dont on doit trouver la cause a décimé le reste de la population. L’histoire est tellement inintéressante et peu aboutie qu’on ne rentre jamais dedans, et on ne fait des quêtes que pour les récompenses. Pour les cinématiques on repassera également, une seule est présente pour introduire rapidement le jeu et elle n’est franchement pas extraordinaire. L’aspect social et scénaristique du jeu disparaît donc complètement, et sans le moteur trop familier on n’aurait pas du tout l’impression de retrouver la série Fallout.

Un multijoueur secondaire…
Depuis l’annonce de ce nouvel opus, Bethesda chantait les louanges d’un jeu orienté vers le multijoueur. Déjà, la capacité des instances de 24 joueurs est ridicule pour une carte aussi vaste. Personne ne se croise malgré la possibilité de voir les autres joueurs sur la carte, et quand bien même ça arrive, il n’y a jamais de coopération. Les développeurs voulaient nous faire rêver avec avec la possibilité de lancer une bombe atomique? En 30h de jeu, je n’en ai pas vu une seule exploser tant il faut du temps pour y arriver. La communication à l’intérieur du jeu est quasiment nulle, les conversations via micros ont des bugs, une absence totale de Push To Talk jusqu’à un prochain patch, il n’y pas de chat textuel: c’est un comble pour un jeu à ce prix. On notera quand-même la présence d’événements communautaires plutôt agréables; il s’agit de redémarrer une centrale nucléaire, une usine de nourriture et autres à l’aide d’autres joueurs, voir même de reconstituer la guerre de sécession! Un événement PVE plutôt original qui m’a ravi. Enfin, un système d’échange est disponible mais il n’est utilisé que par des trolls qui veulent arnaquer sans scrupule, étant donné qu’il est possible de vendre un morceau de bois 9999 capsules…

Du PVP (presque) inexistant
Vous préférez vous affronter? Munissez-vous de beaucoup de patience, les joueurs ne se font pratiquement pas de dégâts. Bethesda s’oppose donc aux grands méchants joueurs amateurs de meurtres (les “griefers”) en réduisant au maximum la possibilité de PVP. De plus, en cas de non réponse aux attaques, les dégâts reçus seront moindres. J’imagine que leur but est de forcer l’amour plutôt que la guerre. Dans le rare cas où vous arriverez finalement à descendre quelqu’un, mis à part une somme dérisoire de capsules et un peu de matériaux vous ne pourrez même rien voler à votre adversaire vaincu! Pour éviter les “Ouins on m’a piqué une bouteille d’eau”, il est impossible de subtiliser quelconque objet. Pire, ce dernier pourra instantanément revenir se venger grâce aux trop nombreux points d’apparition. Vous voulez détruire la base de Kevin? C’est tout de même possible, mais au vu de la taille de la carte, ce n’est pas une mince affaire… Enfin, sauf si le joueur reste immobile très longtemps au même endroit: tout le monde se voit sur la carte. En résumé, le PVP semble avoir été implémenté à l’arrache et s’avère très très secondaire. À croire que même les développeurs du jeu n’ont pas assumé de faire de leur titre orienté multi… un vrai jeu multi.
J’adore le craft et les cartes
Fallout c’est aussi censé être un RPG où le joueur doit ramasser des trucs divers et variés pour assurer sa survie. Mauvaise nouvelle mais qui devrait être corrigé dans un patch, vous ne pourrez pas stocker plus de 400 kg dans votre base, un montant ridicule quand on voit que l’armure complète de niveau 25 en pèse près de 100. Là encore les développeurs promettent de le corriger si les joueurs n’ont pas quitté le jeu avant. Encore un raté qui vous forcera à ramasser des loots pas très généreux avec parcimonie pour ne pas devoir se débarrasser de l’essentiel toutes les cinq minutes. À cause de ces limitations de stockage, je me sentais enfermé dans mes choix, et ça a contribué à dégrader mon immersion dans la partie RPG du titre. Quant à la survie, elle devient trop vite répétitive: on mange, on boit, on se soigne… L’artisanat est fort heureusement omniprésent pour la création de matériel à partir des ressources récoltées en chemin. Le système d’achats-reventes dans des comptoirs est infâme, les prix de vente sont ridicules et ceux d’achats complètement abusés… pas de quoi se faire une vocation dans le commerce. L’interface est peu intuitive et compliquée, on s’y perd facilement avec ses trop nombreuses options pourtant parfois vitales. Enfin, le système de leveling s’avère passable recelant une certaine difficulté pour augmenter son niveau. Cependant, il est possible de gagner de l’XP pour énormément de choses. Côté RPG, Fallout 76 m’a donc déçu et laissé sur ma faim. Fallout 4 apportait un nouveau système de compétences, de retour sur Fallout 76 dans une version encore plus incompréhensible et difficile à appréhender, mais qui s’avère efficace une fois acquise. Grande nouveauté, les cartes qui représentent vos différentes compétences telles que crochetage, piratage, etc, obtenues aléatoirement à chaque nouveau niveau. Les doublons permettent d’améliorer la puissance d’une carte afin d’en étendre ses possibilités. L’aléatoire jouant beaucoup, les plus malchanceux pourraient passer les trente premier niveau avec crochetage coincé au niveau 1, ce qui serait un comble pour une compétence aussi essentielle. Enfin, dans la prolongation de Fallout 4, le système de C.A.M.P permet désormais de construire sa propre base en bénéficiant d’une centaine d’éléments de personnalisation. Ça reste un concept inutile et secondaire, qui ne sert qu’à mourir moins souvent ou se téléporter gratuitement. Cet opus marque aussi le retour des armures assistées qui augmentent votre puissance pour dégommer à la chaîne; elles font simplement leur travail et c’est l’une des rares fonctionnalités à ne souffrir d’aucun problème.

Ce nouvel opus est une horreur sans nom souffrant de graves problèmes techniques indignes d’un jeu vendu à ce prix. Je ne peux le recommander qu’à ceux qui aiment parcourir absolument tous les défouloirs en monde ouvert en coop, si vous n’êtes pas très exigeants sur les sensations de tir. Fallout 76 est une honte pour la série, un épisode sans saveur, sans plaisir, qui manque cruellement d’innovations, et vendu à un prix déraisonnable. C’est incroyable de voir où Bethesda en est arrivé alors que tant d’autres studios nous proposent des open world plus beaux et plus vivants. Un spin-off à vite oublier… en espérant qu’il ne soit pas la marque d’une nouvelle politique chez Bethesda.
L’avis (vite fait) de nounoursss:
Les Terres Désolées n’ont jamais aussi bien porté leur nom. Il n’y a pas un seul moment pendant ma découverte du titre où je ne ressentais pas de la désolation pour Bethesda. Même si on laisse de côté les bugs habituels et le moteur vieillissant, il ne reste pas grand chose à sauver de Fallout 76. Tout l’essence même de la série, l’histoire, les dialogues, les personnages emblématiques ont disparu avec ce virage multijoueur. Fallout 4 était déjà décevant, Fallout 76 l’est encore plus. Bethesda a décidé de retirer toute l’âme de la licence pour y laisser le squelette de Fallout 4: système de construction, carte encore plus grande et entouré d’un emballage post-apocalyptique sur fond de Virginie. Même à plusieurs, le titre ne montre que peu d’intérêt. Ce jeu ne devrait pas exister, et dans mon petit coeur de fan amoureux de Fallout, il sera immédiatement oublié et enterré. N’espérez pas jouer seul pour espérer suivre l’histoire principale à coup d’holotapes interminables et profiter du lore de l’univers. Fallout 76 est la preuve qu’il est difficile de conter une aventure sans interaction humaine. Ne l’achetez pas, ne le regardez pas et laissez le mourir. En espérant que cette claque permette à Bethesda de nous pondre un nouveau Fallout digne de ce nom. Néanmoins, si vous n’avez jamais jouer à Fallout… vous pouvez peut-être y trouver quelque chose dans le délire survie/monde ouvert. Hélas, je suis bien incapable de vous dire quoi,impossible pour moi d’être objectif lorsqu’on aborde l’univers de Fallout et j’aurais préféré ne jamais sortir de l’abris 76.
https://nofrag.com/2018/11/24/126075/
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Date Actuelle
jeu. 21 nov. - 21:07 CET