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[TEST] Atomic Heart y a mis tout son cœur, mais se heurte à ses modèles

lundi 20 février 2023, 16:53 , par NoFrag
Annoncé en 2018, Atomic Heart a tout de suite intrigué beaucoup de monde avec sa direction artistique très particulière. Tellement particulière, qu’on imaginait avoir affaire à un projet fantasmagorique, reposant uniquement sur son aspect visuel. Pourtant, les développeurs y sont allés de leurs promesses: monde ouvert, jeu non linéaire et aux environnements multiples, boss homériques, combats violents basés sur des dégâts élémentaires, etc. Ajoutez à ça une gestation apparemment compliquée et vous obtenez de quoi accueillir Atomic Heart avec pas mal de prudence.
Genre: FPS solo soviétique | Développeur: Mundfish | Éditeur: Focus Entertainment | Plateforme: Steam, Xbox Game Pass| Configuration recommandée: AMD Ryzen 5 2600X ou Intel Core i7-7700K, 16 Go de RAM, RTX 2070 ou AMD RX 6700 XT | Prix: 59,99 € | Langues: VOST (audio en russe ou anglais, textes en français) | Date de sortie: 21/02/2023 | Durée de vie: Une vingtaine d’heures pour terminer la campagne solo, un peu plus pour explorer le monde ouvert
Test réalisé sur une version éditeur.
Back in the U.S.S.R.
Année 1955, Union des républiques socialistes soviétiques. Depuis plusieurs années déjà, le célèbre scientifique Dmitry Sechenov a permis aux travailleuses et travailleurs d’Union soviétique de se libérer du labeur en les remplaçant par une ribambelle de robots dernier cri. En tant que major Sergei, vous êtes invité à l’inauguration de la technologie Kollectiv 2.0, développée par Sechenov et qui, moyennant une petite injection de polymères, permettra aux kamarades — et à terme, au reste du monde — de contrôler les androïdes par la pensée. Le rêve communiste est à portée de main, la population imagine déjà les joies de l’oisiveté, tandis qu’elle déléguera ses tâches les plus difficiles aux machines. Main sur le cœur, le regard embué d’émotion tandis que résonne l’hymne soviet, l’espèce humaine va enfin connaître une société sans classes sociales ni salariat, et la mise en place d’une socialisation économique et démocratique totale des moyens de production.
C’était sans compter un accident qui, à l’instar d’une célèbre expérience scientifique qui aura lieu plus tard dans les années 90 au Nouveau-Mexique, va complètement chambouler les plans des protagonistes. En effet, pour une raison inconnue, tous les robots fabriqués par Sechenov se retournent contre les humains, dans un gigantesque bain de sang. Notez qu’il est très étrange que, par exemple, des automates conçus pour passer la serpillère soient équipés de rayons laser ou de lance-grenades. Comme si le plan de départ n’avait jamais été de libérer les travailleuses et travailleurs du capitalisme, mais plutôt d’asservir le monde. Un mystère que vous aurez l’occasion de résoudre au fil d’une aventure riche, très riche en rebondissements et en complots de toutes sortes.

Kandinsky est passé par ici

Tout l’aspect purement artistique d’Atomic Heart est une réussite et l’OST n’y échappe pas. Elle alterne entre incontournables de la musique classique, qui servent à merveille l’ambiance, et violentes mélodies doomesques, composées par Mick Gordon en personne.

Mundfish n’a pas menti durant toute sa promotion et offre une véritable claque visuelle tout au long du jeu. Pas forcément par la finesse de ses graphismes qui, s’ils n’ont rien de honteux, ne font pas le poids face aux autres blockbusters, mais plutôt à la faveur d’une direction artistique unique. Le jeu regorge de décors insolites, de matières farfelues, de situations loufoques et de salles à l’architecture étrange. Ces dernières s’agencent un peu à la manière de Half-Life, en alternant couloirs et endroits plus spacieux et labyrinthiques dans lesquels vous devrez vous frayer un chemin. À noter également, une légère composante exploration qui récompensera les plus déterminés avec des ressources pour améliorer l’équipement.
Plus tard dans l’aventure, Atomic Heart offrira aussi aux joueurs la possibilité d’évoluer dans un monde plus ouvert, qui manque toutefois cruellement d’intérêt. À peine quelques laboratoires secrets qui proposent des séries d’énigmes — très sympathiques au demeurant — en échange d’amélioration, sauf qu’elles ne sont pas indispensables pour terminer sereinement la campagne. En réalité, sur la carte, aucun véritable lieu notable susceptible d’attirer les plus curieux. Se succèdent ainsi séquences d’échauffourées en intérieur ou au grand air, puzzles bien foutus, trajets dans la région en Lada et pas mal d’allers-retours dont on aurait préféré se passer. Trois ou quatre fois dans le jeu, vous serez amené à récupérer divers objets nécessaires à votre progression et disséminés dans plusieurs salles groupées autour d’un hub. Ce qui vous obligera à repasser par la même pièce centrale plusieurs fois, en multipliant les va-et-vient pas franchement intéressants. De façon générale, le jeu est très linéaire dans sa proposition, même si ce choix nous permet d’éviter une énième carte immense et pleine de vide. Les développeurs ont opté pour une expérience plus resserrée, que certains trouveront peut-être obsolète en 2023.
Atomic Heart propose quelques séquences à la mise en scène époustouflantes
Atomic Heart Mother
Pourtant, quel plaisir d’avancer de salle en salle en dézinguant du robot à la pelle. Contre la douzaine d’ennemis différents qu’offre le jeu, les armes procurent de très bonnes sensations. Par ailleurs vos adversaires, notamment les humanoïdes, possèdent de bons réflexes, ce qui vous mettra fréquemment en difficulté. Vous vous retrouverez souvent à balancer des coups de machette à droite et à gauche, vous retournant vigoureusement pour enfin découper en deux un robot. Contrairement à ce que laissaient penser les vidéos de combats partagées par le studio, les affrontements ne se résument donc pas à tirer sur des sacs à PV sans âme. À condition que vous utilisiez intelligemment l’arsenal à votre disposition. Exception faite des quelques phases contre des boss dantesques, qui ne révolutionnent pas le genre, mais fournissent leur dose d’adrénaline et de stress.
Pour vous aider dans les combats, vous avez à disposition deux pouvoirs, à choisir parmi quatre au total. Télékinésie, gel des adversaires, bouclier ou projection de « gel conducteur ». Oui, parce qu’il y a aussi une gestion des dégâts élémentaires qui permettent à vos flingues de tirer du feu, de l’électricité ou du froid. De même, les armes utilisant de l’énergie comme munition pourront être rechargées à chaque frappe au corps-à-corps. Des mécaniques déjà vues, mais qui fonctionnent très bien ici. Au fur et à mesure de votre progression, vous vous retrouverez vite à devoir jongler habilement entre toutes vos facultés. On regrette tout de même que les développeurs ne soient pas allés plus loin: ne vous attendez pas à pouvoir tendre des pièges façon Bioshock ou autre immersive-sim. Par exemple, impossible d’attirer les ennemis vers une flaque d’eau pour ensuite la charger d’électricité. Il y a bien un pouvoir qui reprend plus ou moins le même principe, mais son utilisation est plus limitée.
L’architecture est vraiment le point fort d’Atomic Heart
Le cœur n’y est pas
Pour ne pas divulgâcher, mais aussi parce que je ne suis pas sûr d’avoir tout compris du premier coup, je ne m’étendrai pas plus sur l’intrigue. Par contre, je peux vous dire que sa mise en scène oscille entre art abstrait remarquable de bonnes idées et d’autres moments plus conventionnels et stéréotypés. Mais c’est surtout la narration qui est ratée avec des personnages tellement verbeux que je n’ai pas pu m’empêcher de leur crier « C’EST TROP LOOOOONNNNG! » à travers l’écran à plusieurs reprises. Réaction épidermique d’autant plus justifiée qu’on ne peut pas passer la plupart des dialogues… Mention spéciale à ces séquences d’action furieuses au volant de votre jolie Lada rouge, qui vous obligeront à esquiver les robots qui vous foncent dessus, tout en étant saturé d’infos dialoguées. Pourquoi aussi, les développeurs ont choisi de reprendre la pire mécanique de Bioshock Infinite: passer la moitié de son temps à fouiller les tiroirs pour trouver des munitions et des ressources? POURQUOI?
Autre souci, la structure des niveaux et ces moments absurdes où vous allez, par exemple, prendre l’ascenseur uniquement pour récupérer une clé quelques étages plus haut pour redescendre quasiment immédiatement. Ou encore des salles de sauvegarde séparées d’à peine quelques mètres, des itinéraires parfois décousus ou des objectifs peu clairs. Probablement à cause de son développement tumultueux, le level design manque régulièrement de cohérence et provoque même un sentiment d’inachevé. Et quand on regarde les premières bandes-annonces d’Atomic Heart, on imagine très bien les raisons. Des environnements entiers (régions arctiques, lacs, etc.), des ennemis, voire des séquences de gameplay, semblent être passés à la trappe. Signe que les développeurs ont sans doute dû tailler brutalement dans le jeu.
Au moins, le jeu est techniquement irréprochable. Il tourne parfaitement, toutes les options à fond à plus de 60 images/s en 1440p sur un i9-9900K, une 2080 Ti et 32 GB de RAM. D’autre part, je n’ai eu absolument aucun crash durant mon test.

Conclusion
À cause d’un manque de profondeur dans certaines mécaniques et d’une narration bancale, Atomic Heart n’égale pas toujours les excellents jeux dont il s’inspire ouvertement, Bioshock et Half-Life en tête. Premier jeu du studio Mundfish, il souffre pas mal de la comparaison avec ses ainés. Pourtant, si on oublie ces quelques défauts plus ou moins gênants, il reste un FPS très classique certes, mais solide, à l’ambiance unique et très travaillée.

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https://nofrag.com/test-atomic-heart-a-mis-tout-son-coeur-mais-se-heurte-a-ses-modeles/
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